La mode pèse dans l'économie française !
Selon l'avis de l'Institut Français de la Mode (IFM), le chamboulement du secteur de la mode a débuté avec l'arrivée sur le marché des premières enseignes de distribution spécialisées dans le milieu des années 1980. Ces premières enseignes ont adopté deux principaux formats : la grande surface d'habillement grande diffusion de périphérie (Gemo, Kiabi, La Halle!) et les chaines spécialisées de centres-villes et centres commerciaux (Camaïeu, Etam, Celio, Du Pareil Au Même...). « Dans les années 1990, les chaînes françaises ont elles-mêmes été bousculées par de nouvelles enseignes, issues d’autres pays européens et tissant leur toile de pays en pays. » Ces enseignes nommées Zara, H&M ou Mango ont « changé les références du marché français en termes de mode et de rapport style qualité-prix. »
« L'essentiel des évolutions de la distribution de mode se résume à un effet « de ciseau » entre les réseaux d'enseignes spécialisées et le commerce indépendant » constate l'IFM. Cet effet de ciseaux se traduit en chiffres par une suprématie des chaines spécialisées. Ainsi en 2011, l'ensemble des chaînes (centre-ville et grandes surfaces de périphérie) ont drainé 39,1 % de l'ensemble du chiffre d'affaires de l'habillement (soit 5 points de plus qu'en 2000).
La montée en charge des chaines spécialisées a largement impacté le marché de la mode notamment du fait de l'accélération du rythme des collections. Et de fait, aujourd'hui, la mode est le seul secteur à pouvoir proposer chaque saison, un tel niveau de nouveautés (86 % de l’offre est constituée de produits différents dont 62 % de nouveautés pures). Selon les chiffres de l'IFM, « en 2007, le nombre moyen de collections dans les chaînes spécialisées et les marques en Europe était de 4,7 par an (soit environ deux collections par saison) ». Et si en 2007, distributeurs et marques projetaient d'arriver à un rythme de 6,8 collections par an en 2010, la crise a réfréné les ardeurs, ramenant pour 2010 à un rythme de 5,1 collections par an. En 2011, cette course en avant des chaînes a été stoppée net : « Après plusieurs décennies de baisse des coûts d’approvisionnement, de surabondance des capacités de production mondiales et de montée en puissance de la Chine « usine du monde », une inflexion brutale est intervenue dans la deuxième partie de l’année 2010, avec la hausse simultanée des coûts de main d’œuvre en Asie, des prix des matières premières (coton en particulier) et du transport. »
Sachant que le marché de la mode en France est quasi à saturation, que les clients recherchent avant tout le petit prix quitte à attendre des promotions ou des soldes (près d’un Français sur trois déclare ne plus acheter ses vêtements qu’à prix dégriffés), les chaines spécialisées doivent revoir leurs stratégies pour limiter la casse sur les marges. Et si face à la hausse des coûts des matières premières, les acteurs en présence ne peuvent pas faire grand chose, sur le terrain du coût de la main-d'Å“uvre et du transport, des solutions sont déjà engagées. Selon les enseignes, cela passe notamment d'après les observations de l'IFM par « un rééquilibrage au sein de l’Asie (baisse de la Chine au profit du Bangladesh ou du Vietnam par exemple) » mais aussi une relocalisation de la fabrication au plus proche de la consommation (espace euro-méditerranéen). Parallèlement, les chaines travaillent de plus en plus à réduire les surproductions en segmentant les mises en fabrication et en affûtant leur réactivité (capacité à travailler à très court terme). Ce retour du petit volume très segmenté sur le marché pousse à plus de qualité, plus de nouveautés, tout en diminuant les immobilisations et les stocks. L'image de l'enseigne est ainsi mieux maîtrisée puisque les opérations de déstockage sont globalement moindres. Dominique André-Chaigneau, Trouver Une Franchise© |